Oman Air renforce sa présence à Londres Heathrow en augmentant ses vols vers Mascate et en ciblant le marché du Moyen-Orient en pleine croissance.

Oman Air augmente la fréquence de ses vols entre Mascate et l’aéroport de Londres Heathrow, passant à 11 vols par semaine pour l’hiver 2024-2025, avec une projection de deux vols quotidiens l’été suivant. Cette hausse vise à capter une part plus importante du trafic entre le Royaume-Uni et le Moyen-Orient, évalué à près de 50 départs quotidiens depuis Heathrow. L’alliance prochaine avec oneworld devrait faciliter la connectivité via des partenaires comme British Airways et American Airlines, renforçant la stratégie de croissance d’Oman Air. Ces ajustements s’inscrivent dans un contexte de congestion aéroportuaire sévère à Heathrow et de redistribution des créneaux horaires coûteux et limités.

Oman Air renforce sa desserte à Londres Heathrow dès l’hiver 2024-2025

Oman Air a annoncé l’augmentation de sa desserte entre Mascate (MCT) et Londres Heathrow (LHR) à 11 vols hebdomadaires dès le 26 octobre 2024. La compagnie prévoit d’atteindre deux vols quotidiens en été 2025, équivalant à 14 vols par semaine. Cette décision rétablit son niveau de service prépandémique, suspendu depuis 2020. Le choix de Heathrow comme principal point d’entrée en Europe pour Oman Air se justifie par le volume élevé de passagers et la qualité de la correspondance vers le réseau long-courrier britannique et nord-américain.

D’après les dernières données du gestionnaire d’aéroport Heathrow Airport Holdings, le trafic annuel vers le Moyen-Orient atteint environ 5,8 millions de passagers en 2023, en hausse de 12 % par rapport à 2022. Oman Air bénéficie ainsi d’une opportunité d’expansion ciblée dans un corridor stratégique très fréquenté, déjà desservi par Emirates, Qatar Airways, Saudia ou encore Etihad.

La liaison est assurée par le Boeing 787-9, qui propose 30 sièges en classe affaires, 258 en classe économique, et une autonomie adaptée aux 6 000 kilomètres séparant les deux capitales. Le vol WY101 décolle de Mascate à 01h40, pour une arrivée à Londres à 05h55, avec un retour le soir même à 19h35, ce qui cible les passagers à correspondance depuis des destinations comme Bangkok, Kuala Lumpur ou Dar es Salaam.

La demande annuelle entre Londres Heathrow et Mascate est estimée à 80 000 passagers en aller-retour en 2024, selon les données de réservation OAG. L’augmentation de fréquence permettra de réduire les périodes d’attente pour les passagers et d’améliorer la flexibilité tarifaire, particulièrement importante dans les segments affaires et tourisme de luxe.

Heathrow, une infrastructure saturée où le slot vaut de l’or

Heathrow figure parmi les aéroports les plus saturés au monde. Le taux d’utilisation des pistes dépasse 98 % en journée selon les statistiques de l’Aviation Strategy Journal. L’accès à de nouveaux créneaux est donc extrêmement restreint et leur valeur économique a explosé. En 2023, un couple de slots pour atterrissage et décollage a été vendu jusqu’à 75 millions d’euros. Ce coût limite l’accès aux nouveaux opérateurs ou oblige à l’acquisition indirecte de créneaux via des cessions secondaires ou des accords de partage avec d’autres compagnies.

Oman Air aurait obtenu ses nouveaux créneaux via des ajustements saisonniers. Des horaires identiques à ceux de JetBlue entre Heathrow et Boston cet hiver indiquent un possible transfert temporaire de créneaux, une pratique légale mais stratégiquement complexe. Ce mécanisme permet d’utiliser un slot existant sur une autre ligne pendant les périodes creuses.

La congestion pousse d’autres transporteurs à diversifier leurs points d’entrée au Royaume-Uni. Ainsi, Gulf Air dessert Gatwick depuis Bahreïn, Uganda Airlines cible Gatwick, et Air Algérie a ouvert une ligne vers Stansted. Les frais d’atterrissage et de services au sol à Heathrow sont en moyenne 35 % plus élevés qu’à Gatwick selon les rapports de la UK Civil Aviation Authority. Heathrow facture en moyenne 1 200 € par atterrissage pour un avion long-courrier, contre environ 900 € à Gatwick.

Le rôle stratégique du hub de Mascate pour Oman Air

Mascate est devenu une plateforme régionale secondaire mais stratégique, notamment pour les liaisons vers l’Asie du Sud-Est et l’Afrique de l’Est. En 2024, Oman Air assure des liaisons vers Kuala Lumpur, Bangkok, Zanzibar, Dar es Salaam, ou encore Phuket, qui totalisent plus de 1,1 million de passagers par an depuis Londres Heathrow.

Le positionnement géographique du Sultanat d’Oman, à mi-chemin entre l’Europe et l’Asie, permet des temps de correspondance de 1h à 3h selon les destinations. Cependant, le timing actuel des vols entre Mascate et Londres ne permet pas d’optimiser toutes les connexions, réduisant le rendement réseau par rapport à Doha ou Dubaï. Malgré cela, Oman Air compense cette faiblesse par un service à bord haut de gamme et une politique de fidélisation renforcée, récemment alignée sur les standards de l’alliance oneworld.

Oman Air intègre oneworld en juin 2025 : un levier décisif

L’intégration d’Oman Air dans l’alliance oneworld est prévue pour juin 2025. Cela lui permettra de proposer des correspondances directes avec les membres existants comme British Airways, American Airlines ou Qatar Airways, notamment via les programmes de fidélité unifiés. Cette synergie renforcera l’accès aux destinations nord-américaines et européennes depuis Heathrow, et facilitera le partage de codes et l’alignement des horaires.

British Airways a cessé ses vols directs vers Mascate en 2020, ce qui laisse à Oman Air une opportunité exclusive sur cette ligne depuis Heathrow. Quant à American Airlines, Heathrow est son principal point d’entrée en Europe, ce qui renforce la logique d’un partenariat étroit.

En matière d’expérience client, les passagers Oman Air pourront accéder aux salons oneworld, cumuler des avantages statutaires et profiter d’une harmonisation des politiques bagages, ce qui améliore l’attractivité pour les voyageurs fréquents.

Une concurrence croissante vers le Moyen-Orient depuis Heathrow

En novembre 2024, Heathrow comptera jusqu’à 50 départs par jour vers le Moyen-Orient, répartis entre Emirates (6 vols/jour vers Dubaï), Qatar Airways (6 vols/jour vers Doha), Etihad (3 vols/jour vers Abou Dabi), Turkish Airlines (4 vols/jour vers Istanbul européen), Saudia, Gulf Air, Kuwait Airways, et désormais Oman Air avec ses 11 fréquences.

Le retrait de British Airways sur la ligne Londres–Koweït, effectif depuis le 29 mars 2024, est révélateur d’une restructuration du réseau européen au profit d’alliances et de hubs spécialisés. Par ailleurs, Virgin Atlantic a ouvert une liaison vers Riyad le 30 mars et prévoit de relancer Tel Aviv en octobre.

Ce redéploiement des transporteurs historiques favorise les compagnies du Golfe, qui capitalisent sur la croissance du trafic post-pandémique et la demande accrue vers l’Asie et l’Afrique.