Accord UE‑États‑Unis supprime les droits de douane sur équipements aéronautiques, sécurisant la chaîne d’approvisionnement Airbus‑Boeing.
L’Union européenne et les États‑Unis ont signé le 27 juillet 2025 un accord-cadre qui annule les droits de douane sur les équipements aéronautiques, moteurs, pièces de rechange et avions civils, établissant un régime tarifaire « zéro pour zéro ». Cet accord survient juste avant l’entrée en vigueur prévue des surtaxes américaines le 7 août 2025, qui menaçaient d’imposer des droits jusqu’à 15 % (voire 30 % initialement annoncés) sur la majorité des exportations européennes.
La suppression des taxes s’applique précisément aux produits stratégiques du secteur aéronautique, reconductible aux principes du traité de l’OMC de 1979. Airbus, Boeing, GE Aerospace, Safran ainsi que les chaînes logistiques profondes intégrées entre l’Europe et les États‑Unis retrouvent ainsi un environnement commercial stable, prévisible, et essentiel à la continuité des assemblages globaux.
Pour Airbus, qui prévoit livrer environ 820 avions en 2025, ce cadre relance la production de ses gammes A220, A320, A350 sans surcoût supply chain. Boeing, pour sa part, évite la taxation sur les sections 787 fabriquées en Italie et expédiées aux États‑Unis.
L’accord met fin à l’incertitude générée par les surtaxes globales, qui avaient atteint 15 % en moyenne pour l’UE. Il préserve ainsi l’interdépendance nécessaire de la chaîne d’approvisionnement mondiale aéronautique.
Le contexte et les enjeux de l’accord
Le contexte résulte d’une politique commerciale américaine marquée depuis début 2025 par la montée à 15 – 30 % de surtaxes sur les importations européennes non protégées, visant notamment les secteurs automobile, semi-conducteur, pharmaceutique, chimique. L’UE s’est engagée à acheter pour 656 milliards d’euros d’énergie aux États‑Unis et à investir pour 550 milliards d’euros aux USA en contrecoup.
Dans ce cadre, le secteur aéronautique a négocié une exemption totale de droits de douane : les équipements aéronautiques sont explicitement inclus dans la liste des produits exempts de surtaxes (« zero for zero »). Ce retrait des barrières permet de contourner le chaos logistique qui menaçait planes et composants intégrés dans des chaînes transatlantiques complexes, comme les moteurs assemblés par GE Aerospace (États‑Unis) et Safran (France).
Sur le plan historique, il s’agit d’une reconduction partielle des principes du traité OMC de 1979, restaurée après plusieurs années de tension autour des subventions Airbus versus Boeing conclues en 2021 par une trêve de cinq ans.
L’impact sur la chaîne d’approvisionnement aéronautique
Cette mesure crée un cadre stable indispensable à la fluidité des échanges transatlantiques. Des milliers de fournisseurs de pièces ou modules (structure, électronique, moteurs) opèrent dans un réseau partagé entre sites européens (Allemagne, France, Italie) et américains (Alabama, Californie), la taxation aurait pu entraîner des ruptures et hausses de coûts.
Par exemple, les sections d’avion 787 de Leonardo en Italie peuvent désormais être exportées vers les États‑Unis vers Mobile (Alabama) sans surtaxe, assurant le respect des calendriers de Boeing sans ajustement budgétaire supplémentaire. Airbus confirme que la prévisibilité tarifaire permet de maintenir la cadence de production et d’atteindre ses objectifs financiers : 624 millions d’euros de résultat opérationnel au premier trimestre 2025, croissance de 6 % du chiffre d’affaires à 13,54 milliards d’euros, avec livraisons ciblées à 820 avions.
La suppression de droits évite les surcharges tarifaires que certains transporteurs envisageaient de répercuter sur les consommateurs, freinant la demande. Des compagnies comme Ryanair ou Delta Air Lines avaient déjà exploré des solutions détournées (registrations au Royaume‑Uni ou livraisons via le Japon) pour éviter les taxes.
Les limites et les questions en suspens
L’accord reste un cadre de principe aux contours encore partiellement définis. Les mesures précises d’application, notamment les codes douaniers concernés ou les procédures douanières, ne sont pas encore publiés. On ignore si les technologies spatiales ou certains composants critiques sont inclus dans l’exemption.
Les contre-mesures européennes, prévues à partir du 7 août 2025, pourraient être suspendues graduellement (septembre, décembre, février 2026) selon les modalités définies ultérieurement. Dans l’intervalle, des secteurs lourds comme l’acier et l’aluminium restent soumis à des surtaxes jusqu’à nouvel accord, prévoyant des négociations séparées ou quotas spécifiques.
Les tensions géopolitiques avec la Chine ou d’autres enquêtes commerciales américaines (ex. Section 232) pourraient modifier ou fragiliser l’accord obtenu. L’équilibre final reste donc à consolider.

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