Embraer confirme ses ambitions 2025 malgré tensions commerciales nettes

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Embraer enregistre une perte ajustée au T2 2025, un carnet record, maintient ses objectifs de livraisons et un chiffre d’affaires entre 6,4 et 7,1 Md € malgré droits USA.

Le groupe Embraer publie ses résultats pour le deuxième trimestre 2025 : une perte nette ajustée de 4,7 millions USD, en recul face au bénéfice de 80,4 millions USD un an plus tôt, avec un chiffre d’affaires en progression de 22 % à 1,82 milliard USD. Face aux tensions commerciales, la surtaxe américaine initialement fixée à 50 % a été partiellement levée ; un droit restant de 10 % s’applique toujours aux exportations vers les États‑Unis, mais son impact est jugé contenu. Embraer réaffirme ses objectifs pour 2025 : 77 à 85 avions commerciaux, 145 à 155 jets d’affaires, et un chiffre d’affaires annuel estimé entre 7,0 et 7,5 milliards USD (soit environ 6,4 à 6,9 milliards €).

Le bilan du deuxième trimestre et la dynamique financière

Au titre du T2 2025, Embraer affiche une perte nette ajustée de 4,7 millions USD, contre un profit de 80,4 millions USD en T2 2024, en raison notamment d’un ajustement fiscal décalé. Néanmoins, l’EBITDA ajusté atteint 245,5 millions USD, en hausse depuis 190,4 millions USD l’année précédente. Le chiffre d’affaires net s’établit à 1,82 milliard USD, soit une croissance de 22 % sur un an.

Les livraisons totalisent 61 appareils, ce qui représente une augmentation de 30 % en volume par rapport au T2 2024 (47 livraisons). Elles se répartissent entre 19 avions commerciaux (stable) et 38 jets d’affaires (+41 %). À l’échelle du semestre (janvier‑juin), Embraer livre 26 avions commerciaux, soit 32 % du milieu de l’objectif annuel, et 61 jets d’affaires, soit 41 % de l’objectif de 145‑155 unités.

Le carnet de commandes : une impulsion majeure

Le carnet de commandes atteint un niveau historique de 29,7 milliards USD, en hausse de 40 % sur un an. La division aviation commerciale porte un backlog de 13,1 milliards USD, en progression de 16 % par rapport à T2 2024 et de 31 % par rapport à T1 2025, soit son meilleur niveau en huit ans. Le ratio commandes/facturation sur les 12 derniers mois de cette division atteint 1,8×.

La division Executive Aviation enregistre 7,4 milliards USD de commandes, en progression de 62 % sur un an, malgré un léger recul trimestriel de 2 %.

Le carnet Services & Support s’inscrit à 4,9 milliards USD, en hausse de 55 % en un an. Le segment défense ajoute 4,3 milliards USD, doublant ses réservations antérieures.

Impact des droits de douane et gestion des tensions commerciales

Embraer fait face à une surtaxe américaine initiale de 50 %, mais celle‑ci exclut désormais les avions brésiliens, laissant subsister un droit de 10 % pour les exportations vers les États‑Unis. Cet impôt réduit reste qualifié de source d’inquiétude majeure pour la direction, car le marché nord‑américain représente environ 45 % des jets commerciaux et 70 % des jets d’affaires exportés. Toutefois, l’impact observé au T2 reste jugé modéré, grâce à l’exemption partielle et à l’excellence du contenu produit localement aux États‑Unis (logistique, assemblage final, maintenance). Le PDG, Francisco Gomes Neto, plaide pour un retour rapide à des droits zéro pour le secteur aéronautique.

Les objectifs de 2025 : livraisons et chiffre d’affaires

Embraer maintient des objectifs solides pour 2025 : 77 à 85 avions commerciaux, contre 73 en 2024, et 145 à 155 jets d’affaires, contre 130 en 2024. Le chiffre d’affaires annuel est attendu entre 7,0 et 7,5 milliards USD, en progression notable par rapport aux 6,39 milliards USD enregistrés en 2024. Converti en euros, cela représente environ 6,4 à 6,9 milliards € selon taux de change moyen. Cette projection repose sur l’amélioration des chaînes d’approvisionnement et sur la persistance d’une forte demande, notamment grâce à des contrats récents – par exemple, une commande de 15 E190‑E2 de la part de ANA au Japon et un contrat record avec Flexjet portant jusqu’à 212 jets d’affaires.

Analyse des forces et des risques

Le carnet de commandes exceptionnel illustre une forte traction commerciale : le modèle E175 a franchi le cap des 1 000 unités vendues depuis 2005 et figure parmi les plus vendus dans les flottes américaines (SkyWest, Republic). Les livraisons de jets d’affaires – notamment Praetor et Phenom – continuent d’alimenter une croissance robuste, soutenue par des conversions d’options en commandes fermes (NetJets convertit plusieurs options sur Praetor 500).

Côté vulnérabilités, les droits de douane américains peuvent réduire la compétitivité prix, mais l’entreprise limite les effets grâce à sa production locale. Les chaînes logistiques restent sensibles à des retards ou pénuries de composants. Embraer a cependant indiqué une amélioration progressive du sourcing et de l’organisation industrielle. Le financement des commandes sera à surveiller si des fluctuations macroéconomiques affectent les opérateurs clients.

Perspectives

Embraer affiche une belle résilience commerciale, équilibrant un résultat opérationnel dégradé à court terme avec un carnet robuste et des anticipations de revenus en forte hausse. Le maintien des objectifs 2025 malgré la perte ajustée montre la confiance de la direction. Néanmoins, la marge reste compressée par une fiscalité différée et les surtaxes. Si l’environnement commercial se durcit ou si les droits restent pérennes, l’effet pourrait fragiliser le pricing sur les marchés clés.

Le constructeur doit surveiller deux facteurs clés : la poursuite des négociations commerciales avec les États‑Unis pour éliminer le droit de 10 %, et la capacité à honorer son carnet, en particulier dans l’exécutif, tout en conservant ses marges. La validité de ses prévisions 2025 dépendra de l’exécution opérationnelle, de la santé macroéconomique des pays clients et de l’évolution des tensions commerciales globales.

Embraer conserve donc une trajectoire positive, portée par un carnet d’un niveau inédit, un positionnement solide sur ses segments et une stratégie d’industrialisation partiellement localisée aux États‑Unis. Les défis fiscaux restent réels, mais l’entreprise semble capable de les absorber sans compromettre ses ambitions annuelles.

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