Acheter un jet privé pour le louer: la rentabilité en question

Acheter un jet privé pour le louer: la rentabilité en question

Apprenez si la rentabilité des jet privés justifie vraiment l’achat d’un appareil pour le louer. Conseils pratiques, financement et chiffres clés.

Un jet privé attire l’attention pour de multiples raisons: exclusivité, flexibilité et gains de temps. Certains envisagent d’acheter un jet privé non seulement pour leurs propres déplacements, mais aussi pour le proposer en location. Cette pratique s’observe de plus en plus chez des entrepreneurs ou des investisseurs en quête d’opportunités. La question demeure: cette opération est-elle réellement rentable? Pour y répondre, il faut examiner plusieurs volets, comme le financement, les coûts d’exploitation, le potentiel de revenu et la taille de l’appareil. Les données disponibles laissent entrevoir un équilibre délicat entre frais fixes élevés et recettes possibles.

Le financement

L’achat d’un jet privé requiert un capital important. Les prix varient entre 3 millions et 50 millions d’euros, selon l’âge, la marque et la catégorie (léger, intermédiaire ou haut de gamme). Peu de personnes paient la totalité dès le départ. Beaucoup recourent à un prêt ou à un crédit-bail. Les établissements financiers spécialisés exigent souvent des garanties solides et un apport initial conséquent, allant parfois de 20 à 30% du prix de l’avion.

Les taux d’intérêt varient selon la conjoncture. Sur la période récente, certains emprunteurs ont pu obtenir des conditions autour de 4% à 5% annuels sur des durées de 5 à 10 ans. Des sociétés de leasing permettent aussi de répartir les charges dans le temps. Cependant, il faut se préparer à engager une somme considérable dès la première année, incluant la formation éventuelle des pilotes, l’assurance et la maintenance. Il est essentiel de budgéter ces postes avec précision, car ils pèsent sur la rentabilité des jet privés dès le départ.

Acheter un jet privé pour le louer: la rentabilité en question

Les coûts d’exploitation

Le coût d’exploitation d’un jet privé ne se limite pas au carburant. On distingue plusieurs charges:

  1. Carburant: le prix varie selon le type de jet et le réseau d’approvisionnement. Un jet léger peut consommer environ 600 litres par heure, tandis qu’un appareil plus imposant peut dépasser 2 000 litres par heure. Avec un litre de kérosène oscillant autour de 0,60 à 1,00 euro, la dépense horaire peut atteindre plusieurs milliers d’euros.
  2. Maintenance: les inspections régulières et les remises à niveau techniques s’avèrent onéreuses. Certains programmes de maintenance à forfait proposent un coût fixe mensuel allant de 2 000 à 15 000 euros, selon la gamme. Des révisions majeures sont requises après un certain nombre d’heures de vol, ce qui ajoute une charge supplémentaire.
  3. Personnel: un équipage qualifié est indispensable pour faire voler un jet. Un pilote confirmé peut gagner entre 70 000 et 150 000 euros par an, selon le type d’appareil et l’expérience. Pour un jet plus grand, on prévoit au moins deux pilotes, sans oublier le personnel au sol.
  4. Assurance et frais divers: la prime d’assurance varie selon la valeur de l’appareil et les destinations habituelles. Il faut y ajouter les frais de stationnement, de catering, d’atterrissage et de services aéroportuaires, qui peuvent monter à plusieurs centaines ou milliers d’euros par rotation.

La rentabilité potentielle

Pour évaluer la rentabilité, il est crucial d’anticiper les revenus issus de la location. Un jet privé peut se louer entre 3 000 et 8 000 euros par heure de vol, selon la catégorie et les services inclus. Un modèle léger sera souvent proposé autour de 3 000 à 4 000 euros, tandis qu’un gros porteur atteindra des montants plus élevés. La rentabilité dépend alors du nombre d’heures effectivement facturées par an.

Dans la pratique, un appareil léger peut voler 300 à 400 heures par an en location si la demande est au rendez-vous. Les jets plus imposants peuvent dépasser 500 heures annuelles s’ils ciblent une clientèle haut de gamme, prête à payer un tarif plus important. Pour couvrir les charges fixes et rembourser un éventuel prêt, certains spécialistes estiment qu’il faudrait viser au moins 200 à 250 heures de location par an pour un jet léger, et plus de 400 heures pour un modèle intermédiaire.

Le rendement se calcule ensuite en retranchant les coûts globaux (annuels) des recettes brutes. Par exemple, un jet léger à 4 000 euros de l’heure et 300 heures par an génère 1,2 million d’euros. Après déduction du carburant, de la maintenance, des salaires et de l’amortissement, la marge peut s’établir entre 10% et 20%, suivant la capacité à maîtriser les charges. Les variations de prix du kérosène et la disponibilité de l’avion influent fortement sur ce résultat.

Choisir la taille de l’appareil

La taille du jet influe sur le budget d’achat, les charges et la cible de clientèle. Trois grandes catégories se dégagent:

  • Léger (4 à 8 places): prix d’achat moins élevé, coûts d’exploitation plus bas, mais recettes horaires limitées. Bien adapté aux déplacements courts (moins de 3 500 km).
  • Intermédiaire (8 à 12 places): plus de confort et d’autonomie, tarifs horaires plus élevés, coûts plus importants. Vise une clientèle sensible à la rapidité et au rayon d’action.
  • Grand (12 places et plus): capacité accrue, autonomie longue distance, mais coûts fixes élevés. Conçu pour des vols internationaux de plusieurs heures.

Plus l’appareil est imposant, plus la base de clients potentiels se restreint. Toutefois, un marché haut de gamme demeure rentable si la demande existe. Il convient d’analyser la zone géographique et la clientèle ciblée avant de trancher.

Acheter un jet privé pour le louer: la rentabilité en question

Conseils pratiques

  1. Collaboration avec un opérateur spécialisé: gérer un jet privé et ses mises en location requiert une connaissance technique et administrative. Faire appel à un gestionnaire expérimenté aide à maximiser le taux de location et à respecter les règlementations.
  2. Optimisation des plannings: un avion vide ou inactif engendre des frais sans recette. Il faut s’assurer d’une coordination efficace des vols aller-retour. Certaines plateformes proposent des systèmes pour partager les trajets, afin de limiter les vols à vide.
  3. Plan de maintenance prévisionnel: prévoir un calendrier précis des révisions. Une immobilisation longue sans vol facturé diminue fortement la rentabilité.
  4. Étude de marché ciblée: analyser la zone d’exploitation, la concurrence, les besoins d’entreprises et de particuliers locaux. Les secteurs comme la finance, la production cinématographique ou l’événementiel peuvent constituer une clientèle régulière.
  5. Gestion fiscale: la détention d’un jet privé soulève des points fiscaux importants (TVA, droits de douane si achat à l’étranger, amortissements). Un conseil d’expert en fiscalité aéronautique peut éviter des soucis et optimiser la structure juridique.
  6. Stratégie de communication: pour louer un jet privé, il faut être visible sur les canaux adaptés. Les courtiers aéronautiques et les plateformes de réservation font office d’intermédiaires privilégiés.

Acheter un jet privé pour le louer n’est pas un projet anodin. Les coûts d’exploitation sont élevés et la gestion au quotidien demande une expertise pointue. Toutefois, si le marché local offre une demande suffisante et qu’un financement solide est en place, la rentabilité peut être au rendez-vous. Les jets les plus légers ont des charges plus basses mais des recettes limitées, tandis que les modèles plus volumineux exigent un flux soutenu de clients haut de gamme. Dans tous les cas, une analyse rigoureuse et des estimations réalistes constituent le meilleur moyen de déterminer si le jeu en vaut la chandelle.

Infos Jet Privés est un magazine indépendant sur l’aviation d’affaires.